Vous aussi vous rêvez d’avoir 35 heures dans une journée ? Spoiler : il y en a 24, et ce n’est pas près de changer !
Que ce soit vous, moi qui écris cet article, ou Bernard Arnault, nous sommes tous égaux face à cette fatalité. Nous avons TOUS le même “sac à temps” rempli de 86 400 secondes qui s’égrainent petit à petit.
Mais comme le dit notre formatrice Pauline Monestier : “contrairement à ce qui est matériel, le temps se donne, mais ne se reprend pas”.
Nous parlons donc d’une ressource qui est limitée, et qui sera dépensée quoi que nous fassions. La seule question que nous pouvons nous poser est donc celle la meilleure manière dont nous pouvons dépenser cette ressource.
Ces dernières années m’ont poussé à creuser cette question de manière très approfondie.
Entre la création de mon entreprise, sa gestion, l’organisation de mon mariage, la préparation de la Diagonale des Fous, mes compétitions de hockey sur gazon, et continuer de voir mes amis, j’ai dû façonner une méthode infaillible pour bien gérer mon temps et mes priorités de manière durable.
Cette méthode, je l’ai baptisée la méthode COACH., que je popularise au travers de conférences en entreprises. (Si ça vous intéresse, vous pouvez nous contacter ici.)
COACH comme :
- Clarté
- Organisation
- Action
- Croissance
- et Harmonie
Tout au long de cet article, je détaillerai pour vous comment ces 5 compétences comportementales clés - aka soft skills - vous permettront de devenir durablement les boss de la gestion du temps et des priorités. En d’autres termes, comment elles vous permettront de piloter votre quotidien avant qu’il ne vous pilote.
1. Clarté
a. Manque de clarté = procrastination & inefficacité
“Il n’est pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va”
Sénèque, philosophe, dramaturge et homme d’Etat romain
Il y a 2000 ans déjà, Sénèque l’avait bien compris. Impossible de bien gérer son temps et prioriser sans clarté. J’irais même plus loin en disant que le manque de clarté est la première raison de la procrastination et de l’inefficacité.
Par exemple : quand une tâche est floue, que vous ne savez pas par où commencer, pourquoi vous la faites etc. Ne cherchez vous pas une autre tâche sur laquelle vous pourriez avancer plus rapidement ? Ou parfois, ne regardez vous pas simplement votre téléphone… votre Instagram… et ne vous mettez vous pas à scroller, dans une vortex temporel à durée indéterminée ?
Autre exemple : des réunions sans objectif clair, qui deviennent des discussions interminables jusqu’à ce que la conclusion soit : “bon, on se recale un point dans 3 semaines et on avance d’ici là”. Et rebelote 3 semaines plus tard…
Le manque de clarté est donc un fléau qu’il faut combattre avec la plus grande vigueur !
D’ailleurs, petit aparté concernant vos réunions (issu de notre formation Project Mode). Vos réunions ne peuvent avoir que 3 objectifs :
- Décider
- Informer
- Produire (une liste d’idées, un prototype, un brouillon, une trame, un plan, etc.)
Si la réunion que vous pensiez organiser n’a pas l’un de ces 3 objectifs, vous pouvez la supprimer. Vous ferez gagner du temps à tout le monde, et lutterez activement contre la pandémie de réunionite aigüe qui dévaste le monde de l’entreprise. Fin de l’aparté.
b. Clarifier ses objectifs
Vous l’avez désormais compris, le meilleur moyen d’apporter de la clarté à votre quotidien, c’est de connaître vos objectifs. Mais qu’est-ce qu’un objectif ? Comment les définit-on ?
“Un objectif est un rêve avec une date limite”
Napoleon Hill, auteur américain
J’aime beaucoup cette citation de Napoleon Hill. Elle est excellente et s’est avérée totalement juste lorsque j’ai préparé la Diagonale des Fous. Depuis tout petit, mes frères et moi rêvions de faire un ultra-trail avec notre père. Petit hic : nous n’avions jamais fait ce genre de course. Et ces courses font environ 170km et 10 000 m de dénivelé positif. A priori, impossible pour nous. Cela resterait un rêve. Sauf qu’à Noël, nous nous sommes tous inscrit. Et nous avions 9 mois pour nous préparer. Ce rêve est devenu un objectif. D’un coup, nous avons tous commencé un véritable entrainement, adapté nos temps de préparation, de repos, nos pauses déjeuners, nos trajets maison-bureau… J’habite à Montmartre, dont les escaliers font 37 mètres d’ascension. Quasiment tous les midis, j’allais enchaîner les escaliers jusqu’à devenir “Local Legend” de Montmartre, c’est-à-dire la personne au monde qui avait fait le plus de fois ses escaliers sur une période de 3 mois.
Et 9 mois plus tard, nous étions tous finishers de la mythique Diagonale des Fous.Nous avions un rêve, nous lui avons accolé une date, et il est devenu un objectif, qui a fini par être atteint. Sans cette date limite du 19 octobre 2023, jamais nous n’aurions pu réaliser ce rêve. Tout s’est mis en branle grâce à elle.
Après, il faut être lucide : toutes les tâches que vous avez à effectuer ne sont pas forcément des tâches de rêve. N’empêche que la mécanique pour apporter de la clarté et définir vos objectifs reste en partie la même. Ainsi, pour votre quotidien, il s’agit de définir des objectifs SMART :
- Spécifique : l’objectif est explicité précisément
- Mesurable : un indicateur simple pour savoir si / quand il est atteint
- Ambitieux : pas trop simple
- Réaliste : pas trop dur
- Temporel : avec une date limite
Avoir un objectif SMART est très simple au quotidien. Cela ne doit en aucun cas être une usine à gaz. Par exemple, pour une réunion de brainstorming, cela pourrait donner :
- Spécifique : “objectif : sortir de la réunion une liste de 10 idées différentes”
- Mesurable : a-t-on la liste de 10 idées dans le compte rendu de la réunion ou pas ?
- Ambitieux et Réaliste : on n’a pas demandé 1000 idées, ni 2. Et la durée de la réunion est adaptée.
- Temporel : Date précise + durée de la réunion = 30 minutes.
c. Être au clair avec soi-même pour décider et avancer
Afin de définir correctement ses objectifs et y voir clair, il faut bien se connaître et connaître son environnement.
Par exemple, vous ferez certaines tâches mieux que la moyenne. D’autres moins bien. Et certaines tâches vous prendront de l’énergie…. quand d’autres vous en donneront !
On peut ainsi répartir les différentes tâches à accomplir dans 4 zones, selon qu’elles nous donnent de l’énergie ou pas, et notre capacité à les faire mieux que la moyenne ou pas.
Ainsi, il y a :
- La zone d’incompétence : Là c’est pas compliqué. Lorsque vous êtes dans votre zone d’incompétence, c’est que réaliser la tâche vous prend de l’énergie ET que vous êtes moins bon que la moyenne pour la réaliser.
- La zone de compétence : réaliser la tâche vous prend de l’énergie, et vous êtes aussi bon que la moyenne pour la faire.
- La zone d’excellence : réaliser la tâche vous prend de l’énergie, certes, mais vous êtes bien meilleur que les autres pour la faire !
- La zone de génie : réaliser la tâche vous DONNE de l’énergie, ET vous êtes bien meilleur que les autres pour la faire !
J’ai été marqué par un salarié d’une banque basée à Paris où je donnais ma conférence sur la gestion du temps et des priorités. J’ai longuement échangé avec lui après ma conférence. Son “kiff”, m’a-t-il dit, c’était “d’optimiser les fichiers pour gagner du temps”. Quand il avait rejoint la banque en tant que salarié, il devait par exemple effectuer la déclaration de TVA. Pour cela, il devait ressaisir à la main les montants des 300 comptes de produits dans un fichier. Cela lui prenait deux jours pleins.Après une refonte totale et la création d'un vrai tableau Excel, ce temps est tombé à 20 minutes par mois. Vous avez bien lu : de 2 jours à 20 minutes par mois. Alors certes, mettre ce fichier en place a demandé du temps, mais le gain de productivité derrière est énorme et lui a permis d'utiliser ce temps sur d'autres tâches. Et c'est en évoluant dans sa zone de génie qu’il a réussi, depuis deux ans, à accomplir les tâches qui étaient accomplies par trois personnes (les siennes et celles de deux autres collaboratrices). Le tout, en kiffant.
L’objectif est donc, pour commencer, de se limiter aux zones d’excellence et de génie. Et à terme, de n’évoluer plus que dans sa zone de génie. Lorsqu’on y est, on accomplit de grandes choses, très vite, mieux que tout le monde, et avec un panache et une énergie qui nous fait littéralement rayonner !
Rendons à César ce qui est à César : j’ai appris cette segmentation de Nicolas Hennion, un coach très radical qui m’a beaucoup marqué. Vous pourrez en apprendre plus sur lui et son mode de pensée notamment grâce à ses passages dans Generation Do It Yourself, le podcast de Matthieu Stefani.
Si bien vous connaître est essentiel, il en va de même pour votre environnement, et notamment votre entreprise. Quelle est sa raison d’être ? Quelles sont ses valeurs ? Répondre clairement à ces questions vous aidera à prendre rapidement les meilleures décisions lorsque des choix s’offriront à vous.
Chez Fasterclass par exemple, nous avons un grand principe d’action et 4 valeurs.
- Grand Principe : nous sommes une entreprise 100% co-responsable.
- 4 valeurs :
- Je me sens utile
- J’agis comme un entrepreneur
- Je cultive l’amour du client et de l’utilisateur
- Nous prenons plaisir à travailler ensemble
Ce grand principe et ces 4 valeurs ont été explicitées (avec définition et exemple de bonne/mauvaise pratique) dans notre code de culture. Ce code de culture est inscrit dans tous nos contrats de travail et est la pierre angulaire de l’organisation chez Fasterclass.
Si vous avez besoin d’inspiration, vous pouvez le retrouver ici, dans l’onglet “Nos Valeurs”. Vous y verrez comment ces valeurs nous permettent de choisir quel comportement adopter face aux nouvelles situations que nous rencontrons.
Enfin, si malgré tout cela, vous n’êtes pas toujours au clair face à un choix, voici mes deux techniques ultimes pour trancher sans tergiverser à l’infini. Elles m’ont été transmises par Pauline Monestier, notre experte partenaire et formatrice à la Gestion du Temps et des Priorité chez Fasterclass.
- Technique n°1 : pour décider en 10 minutes.Allez chercher ce que vous avez à la CAVE. CAVE comme :
- Coûte : qu’est-ce que ça me coûte ?
- Apporte : qu’est-ce que ça m’apporte ?
- VEux : qu’est-ce que je veux vraiment ?
- Technique n°2 : pour décider en 10 secondes.Avec quel choix aurais-je le moins de regrets ?C’est cette question qui m’a permis de décider en quelques secondes de faire une année de prépa supplémentaire lorsque mes résultats, à l’issue de mes premiers concours, sont tombés. J’avais une excellente école. Mais, à cette époque, j’avais peur de me demander pendant des années : et si j’avais cubé, que se serait-il passer ? En quelques secondes, la décision était prise. Je ne l’ai jamais regrettée.
Et pour terminer, si vous hésitez vraiment entre deux choix, et que rien de ce que vous avez lu jusqu’ici ne vous permet de trancher, je vous invite à dédramatiser. Car si vous hésitez tant, c’est que ces deux choix sont équivalents ! C’est ce qu’un des plus grands entrepreneurs français, Bruno Maisonnier, a résumé en disant que dans ce genre de cas,“il n’y a pas de bon choix, il n’y a que des choix qu’on rend bons”.
“Il n’y a pas de bon choix, il n’y a que des choix qu’on rend bons”
Bruno Maisonnier, fondateur Aldebaran Robotics, puis fondateur & CEO AnotherBrain
En somme, si vous adorez faire de la moto, et vous aimez tout autant faire de la plongée. Et que vous voulez organiser le plus beau voyage de votre vie avec votre moitié… Inutile de tergiverser pendant des heures entre l’un et l’autre. Vous pouvez même tirer à pile ou face ! Ce sera à vous, une fois le choix fait, de faire en sorte que ce voyage soit inoubliable et donc que ce choix soit le bon !
2. Organisation
Pour bien gérer votre temps et vos priorité, il faut ensuite repenser votre organisation.
Une organisation optimale vous permettra de faire le plus important, le mieux possible, et le plus rapidement possible. Un vrai kiff !
Pour cela, il y a quelques impératifs à bien avoir en tête.
a. La loi de Carlson : en finir avec les interruptions et entrer en état de flow
La loi de Carlson, appelée aussi “loi des séquences homogènes”, est un plaidoyer anti interruptions.
Elle stipule que toute tâche interrompue sera moins efficace et prendra plus de temps que si elle était effectuée de façon continue.
“Toute tâche interrompue sera moins efficace et prendra plus de temps que si elle était effectuée de façon continue”
Sune Carlson, économiste Suédois
Dès les années 1950s, Carlson avait compris que les interruptions étaient problématiques. Aujourd’hui, avec la surconnexion que nous vivons, les interruptions sont un véritable fléau, en partie responsables de harcèlements et de burnouts.
Tous les milieux sont touchés. Le bureau, mais aussi l’école. Car, voyez-vous, quand j’étais petit, j’avais une soupape de décompression à la fin de la journée. Quand je rentrais chez moi, après l’école, j’étais dans mon cocon, mon “safe space”. En cas de journée difficile, ma soirée était une parenthèse apaisée, une bouffée d’oxygène salvatrice. Mais de nos jours, quand un enfant rentre de l’école, la vie scolaire continue sur les réseaux sociaux. Et un enfant harcelé l’est 24/7, à l’école la journée, et sur Instagram, Tik Tok ou Snap le soir. Avec les e-mails, whatsapp, appels et sms, il en va de même pour les employés.
Et même sans en arriver jusqu’au burnout, les interruptions sont dramatiques car elles cassent votre état de flow. Cet état dans lequel vous êtes lorsque vous êtes extrêmement concentré, extrêmement efficace, et que vous ne voyez pas le temps passer. En quelques dizaines de minutes ou heures en état de flow, il vous arrive d’être plus productif que sur des journées entières. Cet état de flow, lorsqu’il est atteint, est à préserver au maximum. De même, sortir un collègue de son état de flow est terrible.
i. Couper ses notifications
J’en étais arrivé à un tel point de surconnexion qu’au premier semestre 2022 je recevais 1200 notifications par jour en moyenne sur mon téléphone !1200 ! Par jour ! Soit 75 par heure éveillée ! Ou encore une notification toutes les 48 secondes, toute la journée !Il m’était devenu impossible d’être efficace dans de telles conditions, avec des interruptions intempestives.Lors de mon voyage de noces, à la fin de l’été 2022, je pris donc une décision radicale : couper toutes les notifications de mon téléphone portable et passer en mode “ne pas déranger” 100% du temps.Grand bien m’en a pris ! J’ai pu reprendre le contrôle sur mon quotidien, sur ma vie, pro comme perso. Je ne consultais mes messages, whatsapp, e-mails, appels manqués, qu’entre mes tâches. J’étais concentré, efficace comme jamais. Et personne ne s’est rendu compte de rien : qui peut vous en vouloir de mettre maximum 2 heures, parfois seulement 15 minutes, à répondre à un message ? Personne !
Ainsi pour une bonne organisation, la première des choses à faire est de couper vos notifications sur votre téléphone et de passer en mode “ne pas déranger”. Cela peut sembler vertigineux pour certains. Je vous propose d’essayer dès maintenant, à la lecture de ces lignes, et jusqu’à la fin de la journée. Vous pourrez les réactiver ensuite. Si le test est concluant, testez une journée de plus pour voir. Et sinon, arrêtez-le et réactivez tout. Je suis certain que vous ne regretterez pas le test. Vous pourriez même l’apprécier et vouloir le prolonger de plus en plus longtemps, une fois votre liberté retrouvée.
ii. Soigner son écologie personnelle
Nous avons tous des moments dans la journée où nous sommes plus ou moins efficaces. Certains moments où nous pouvons être concentrés et “produire”, d’autres où nous pouvons interagir plus facilement, etc. L’idée est de les identifier et de s’organiser en fonction.
Par exemple, j’aime être au calme le matin pour avancer sur mes sujets de fond. Pour ce faire, je ne prends aucun rendez-vous. Toutes mes matinées sont bloquées.
L’après-midi, j’aime échanger avec mes collègues, mes clients, mes fournisseurs.
Et afin de ne pas être interrompu continuellement, je ne regarde mes e-mails que 3 fois dans la journée : le matin avant de commencer ma journée, le midi, et en fin de journée. Cela m’assure de ne jamais me faire déborder par ma boîte e-mail tout en répondant en quelques heures maximum.
Pour m’assurer de n’avoir aucun rendez-vous le matin, j’utilise l’outil de planification de réunion d’HubSpot, et j’ai bloqué tous les créneaux du matin dans les paramètres. Ceux qui veulent prendre RDV avec moi peuvent sélectionner le créneau de leur choix parmi toutes les propositions, et les invitations sont automatiquement envoyées. Je vous rassure : ils trouvent toujours leur bonheur. Cela donne ça.
J’utilise HubSpot mais vous pouvez utiliser n’importe quel autre outil, comme Calendly qui fonctionne également très bien.
Ainsi, avec :
- 3 créneaux de 15 à 30 minutes pour traiter mes e-mails (matin, midi, soir)
- Mes matinées bloquées pour avancer sur mes tâches les plus importantes
- Mes après-midi pour mes interactions (équipe, clients, fournisseurs)
J’arrive à répondre à tous mes impératifs sans me faire déborder par mon quotidien. Un vrai bonheur.
iii. Définir des règles de communication en équipe
Les deux bonnes pratiques précédentes ne sont évidemment possibles que si vous vous êtes mis d’accord avec votre équipe sur des règles de communication claires.
Parce qu’on n’a pas tous été formés à communiquer entre nous, des règles communes sont essentielles.
Avant d’en mettre chez Fasterclass, voici le genre de discussions que j’avais régulièrement avec mon CTO et associé, Thibaud :
“- Titi je crois qu’on a un bug sur [blablabla] tu peux checker stp ?[2 heures passent]…[2 nouvelles heures passent]…
- Euh Titi t’as vu mon message ?! C’est un retour client c’est urgent…
- Hey Raph molo me suis mis sur le bug quand j’ai reçu ton message et ça fait 1h que c’est résolu déjà ! Tu pourrais checker avant de relancer…
- OK merci. Je te retourne le conseil : t’aurais pu me dire que tu l’avais traité histoire que j’ai pas à checker toutes les 30 minutes…”
Ce genre de conversation, je l’ai eu des dizaines de fois.
À tel point qu’à un moment, ça aurait pu planter notre boîte.
Heureusement, depuis, on a mis les points sur les i.
On s’est fixé des règles de communication extrêmement claires et explicites.
Du style :
- Vraie urgence = on s’appelle.
- Si on s’envoie un message, que ce soit par Discord, Teams, Slack ou e-mail, l’autre a un délai raisonnable pouvant aller jusqu’à 1/2 journée pour le voir. Il peut être pris par autre chose, sa concentration est au moins aussi importante que mon besoin.
- Au moment où la personne voit le message, elle le dit et donne un délai de réponse pour la solution si elle n’est pas immédiate. Du style :“OK bien reçu. Je traite ça d’ici [la fin de la journée]”
- Quand la tâche est terminée, la personne qui l’a terminée le dit à celle qui en avait besoin. Du style :“Hey ! Concernant ton message d’hier, c’est bon, problème résolu :)”
- “MERCI TU GÈRES !!”
Ces étapes sont toutes bêtes, et pourtant évitent une perte de temps et d’énergie de malade.
b. Matrice d’Eisenhower et priorisation selon l’urgence et l’importance
Malgré tout ce que vous mettrez en place pour limiter les interruptions, il arrivera malgré tout que certaines passent le filtre et vous coupent dans votre concentration. Et parfois, sans que ce soient des interruptions, il arrive que de nouvelles tâches à effectuer pointent le bout de leur nez.
Comment réagir ?
Tout d’abord, je me demande si je peux la faire en moins de 2 minutes.
Si oui, je la fais. On n'en parle plus.
Si non, elle passe à la moulinette de ce bon vieux Eisenhower :
- Est-elle urgente ET importante ? Si oui, je la fais asap.
- Est-elle urgente mais pas importante ? Dans ce cas, c'est souvent qu'elle est l'urgence d'un autre 😏Je délègue à la bonne personne.
- Est-elle importante mais pas urgente ? Je la planifie.
- Est-elle ni urgente ni importante ? Je la décline et supprime de ma to do list. Et je me fais pas de soucis sur le fait que le jour où ça deviendra urgent et/ou important, on reviendra toquer à ma porte.
Ce qu’il faut retenir de cette matrice d’Eisenhower, c’est qu’il ne faut pas que ce qui est urgent prenne le pas sur ce qui est important. C’est bien trop souvent le cas dans nos quotidiens respectifs.
Cette matrice d’Eisenhower est également valable pour la gestion de vos e-mails.Par exemple, si vous avez 3 moments de gestion des e-mails (début de journée, midi et soir), vous pouvez pendant ces 3 moments :
- Balayer tous vos e-mails
- Répondre à tous ceux dont la réponse vous prend moins de 2 minutes
- Si répondre vous prend plus de 2 minutes, passer l’email au filtre de la matrice d’Eisenhower. Si c’est urgent ET important, vous arrêtez tout et vous le traitez immédiatement ; si c’est important mais pas urgent, vous planifier son traitement comme une tâche à part entière dans votre agenda et vous répondez en moins de 2 minutes “Bien reçu, je dois valider quelques points pour te répondre. Je reviens vers toi d’ici [date]” ; si c’est urgent mais pas important : déléguez à la bonne personne ; si ce n’est ni urgent ni important : dites non, de la bonne manière (nous verrons plus tard comment).
Pour vous aider à bien planifier vos tâches importantes, j’aimerais vous parler des deux lois de planification, qui semblent parfois contradictoires, mais qui sont en réalité extrêmement complémentaires. Il s’agit des lois de Parkinson et de Murphy.
c. La loi de Parkinson : le temps est un gaz.
“Le travail s’étale de façon à occuper tout le temps disponible à son achèvement”
Cyril Northcote Parkinson, historien et essayiste britannique
J’aime beaucoup résumer cette loi de Parkinson par l’image suivante : “le temps est un gaz”.
Pourquoi cette image est parlante ?
Parce qu’un gaz prend tout l’espace qu’on lui donne. Il sera simplement plus ou moins dense selon le volume qui lui est laissé pour se répartir. Comme une petite ou une grande pièce par exemple.
Pour le temps que l’on mettra à effectuer une tâche, c’est exactement pareil.
Souvenez-vous de vos projets étudiants à faire sur l’année. Vos mémoires de fin d’étude par exemple. Combien d’étudiants, alors qu’ils ont l’année pour les faire, avancent tout doucement, pour en réalité ne faire l’essentiel du travail que sur les dernières semaines ? Nos professeurs auraient pu nous donner trois fois moins de temps à l’époque, le résultat n’aurait pas été si différent.
Ainsi, pour un maximum d’efficacité, la loi de Parkinson nous pousse à réduire au maximum le temps que nous nous laissons pour accomplir une tâche.
Souvenez-vous des objectifs SMART. Il faut que cette durée soit “Ambitieuse” ET “Réaliste”.
C’est pourquoi, lors de mes ultra-trails, je ne m’autorise que 5 minutes pour me ravitailler. Si je m’autorisais 20 minutes, je les prendrais volontiers. Mais je peux faire tout ce que je dois faire, comme remplir mes gourdes, souffler un minimum, et manger ce qu’il faut en l’espace de 5 minutes. Je m’y astreins au maximum.
Dans le monde professionnel, pensez à vos réunions. Généralement, vos outils vous proposent des réunions d’1h par défaut. Chez Fasterclass, nous avons changé cette durée par défaut pour qu’elle soit de 30 minutes “seulement”. Et je mets “seulement” entre guillemets parce que, en réalité, ces 30 minutes sont largement suffisantes pour atteindre l’objectif de la réunion, qu’il soit de s’informer, de décider, ou même parfois de produire.
Ainsi, souvenez-vous : le temps est un gaz. Donnez lui le minimum d’espace possible pour effectuer votre travail. Que cette durée soit à la fois ambitieuse… tout en restant réaliste.
d. La loi de Murphy : rien ne se passe jamais comme prévu.
D’un côté, il faut laisser le moins de temps possible à notre travail (loi de Parkinson), et de l’autre, il faut avoir conscience que “rien ne se passe jamais comme prévu” (loi de Murphy).
“Rien ne se passe jamais comme on l’a prévu”
Edward Murphy, ingénieur à la NASA
Quand je pense prendre 5 minutes à mes ravitaillements, il arrive qu’il y ait de la queue, ou que je galère avec une de mes gourdes, etc. Et au final, j’aurai pris 7 minutes.
Quand je programme une réunion de 30 minutes, il arrive qu’un client arrive en retard, puis soit un peu bavard, et que nous finissions à 5 à 15 minutes en retard.
C’est la loi de Murphy : rien ne se passe jamais comme prévu.
L’apprentissage de cette loi, c’est de réussir à prévoir ces débordements. Car quand nous prévoyons la durée d’une tâche, nous avons tendance à prévoir une durée dans le cas où tout se passe comme prévu. Et, par définition, l’imprévu n’est pas prévu. Un imprévu pris en tant que tel est généralement improbable. Nous avons donc tendance à l’ignorer. Mais nous prenons rarement en compte le fait qu’il est probable qu’au moins un cas improbable et imprévu se manifeste pendant la réalisation de la tâche. Et nous mette donc en retard.
Ainsi, même si je prévois des réunions de 30 minutes, je prévois également 30 minutes de battement en chaque réunion. Cela me donne à la fois le loisir de déborder si le contexte me l’impose, tout en ayant le temps de me replonger dans la réunion suivante et d’y arriver prêt et à l’heure, sans stress.
Ainsi, en combinant loi de Parkinson et loi de Murphy, au lieu de faire comme beaucoup, c’est à dire enchainer des réunions d’une heure, qui débordent l’une sur l’autre, de courir entre les réunions, et d’arriver en retard et pas préparé… je planifie des réunions de 30 minutes, puis 30 minutes de battement, puis 30 minutes de réunion, puis 30 minutes de battement, et ainsi de suite.
C’est un des exemples de combinaison et de complémentarité de ces deux lois, mais il y en a plein d’autres. C’est également vrai dans de la gestion de projet par exemple. Raison pour laquelle je vous invite vraiment à bien garder ensemble à l’esprit ces deux lois du temps.
3. Action
Vous avez désormais une vision claire sur vous-mêmes, votre environnement, vos objectifs. Vous vous êtes organisé pour les atteindre. Il ne manque qu’une chose : le passage à l’action !
Dans cette partie, je vais vous donner les clés pour un passage à l’action ultra efficace.
a. L’unique to do list priorisée
Mon premier conseil pour un passage à l’action efficace est de regrouper toutes vos tâches sur une unique to do list à prioriser et reprioriser au quotidien.
Vous n’avez qu’une vie, qu’un cerveau, qu’une ligne de temps qui s’écoule au quotidien. Vous ne pouvez faire qu’une chose à la fois. Je vous invite à mettre TOUTES vos tâches sur cette to do list.
Certains préfèreront avoir 2 to do lists : une pro et une perso. C’est OK. Mais pour ma part, je n’en ai qu’une seule. Si je suis chez moi et que j’ai une urgence pro, elle peut prendre le pas sur mes tâches perso. C’est la vie. À l’inverse, si je suis au boulot, et que j’ai une urgence perso, elle prendra aussi le pas sur mon boulot. C’est la vie. C’est vrai dans les deux sens.
Une fois que toutes vos tâches sont regroupées sur une unique to do, je vous invite à les prioriser : les plus importantes en haut, les moins importantes en bas. Et tous les jours, à chaque fois qu’une tâche est suffisamment importante pour entrer dans votre to do, ne la mettez pas en haut de la pile.
À la place, ouvrez votre to do list, et comparez son importance avec les autres tâches qui y figurent déjà, et mettez là au bon niveau d’importance, et donc de priorité.
Et ainsi, tous les matins repriorisez votre to do par importance - c’est la raison pour laquelle il est pratique d’avoir votre to do au format digital, que ce soit sur un excel, un asana, un google keep, ou n’importe quel autre outil en ligne facile d’accès.
Et dès que votre to do list est priorisée… comme dirait notre experte Pauline Monestier dans notre formation “Tic Tac” : Just Start It!
Et en commençant par les tâches du haut - c’est-à-dire les plus importantes - bien sûr !
Car même si certaines tâches vous semblent énormes voire insurmontables, le fait de vous lancer vous fera soit avancer à pas de géants, soit réaliser que vous pouvez quand même y arriver !
Et pour vous motiver, rappelez-vous cette phrase de Michel Audiard :
“Un intellectuel assis va moins loin qu’un c** qui marche”.
Michel Audiard, scénariste, réalisateur, et écrivain
b. La “technique des petits pas” appelée aussi “technique ABZ”
Mais parfois, on a beau vous dire qu’il faut vous lancer… la tâche paraît tellement énorme et insurmontable que vous n’y arrivez pas. Vous procrastinez. Ou faîtes autre chose en attendant pour ne pas affronter le monstre qui se dresse sur votre chemin. C’est tout à fait normal et humain.
L’ultra-trail nous a appris dans la douleur, à moi et à mes frères, la meilleure façon de passer outre ces tâches gigantesques. Cette techniques est appelée “technique des petits pas”.
Lorsque nous avons fait la Diagonale des Fous tous ensemble, cet ultra trail mythique de 170km et plus de 10 000m de dénivelé positif, plus qu’un temps à réaliser, nous voulions avant tout TOUS arriver au bout, en famille.
Les 50 premiers kilomètres se passèrent bien. Mais à partir de “Mare à boue”, mon petit frère Adrien se blesse et souffre du terrible “syndrome de l’essuie-glace”. Il s’agit d’une inflammation du genou, certes pas dangereuse, mais extrêmement douloureuse, qui rend quasiment impossible le fait le plier la jambe. À ce moment-là de la course, il reste entre 120 et 130 kilomètres, et environ 8000m de dénivelé positif, soit quasiment deux fois le Mont Blanc à grimper. Si on en était restés à ce constat, mon frère aurait pu abandonner la course tout de suite, et ses rêves de la finir avec nous avec.
Mais nous avons pris un angle différent. Nous tablions à l’origine sur une course en 50h (pour une barrière horaire maximale de 66h). Nous avions donc, au 50ème kilomètre, un peu d’avance sur la voiture balais qui, si elle nous rattrapait, nous éliminait automatiquement.
Nous nous sommes alors dit : essayons d’arriver au prochain ravito avant la barrière horaire.
D’un coup, arriver au prochain ravitaillement, qui était généralement à 7 ou 8 kilomètres, nous semblait beaucoup plus atteignable que de finir la course ! Et mon frère, en serrant les dents, arrivait à atteindre le prochain ravito. À ce même ravito, nous nous disions alors : “bon, on mange, on remplit les gourdes, et on essaie d’arriver à temps au ravito suivant, dans 8 kilomètres”.
Et de ravito en ravito, après plus de 62 heures d’efforts, nous sommes arrivés à bout de cette incroyable Diagonale des Fous qui porte si bien son nom !
En langage “corporate”, cette technique des petits pas porte un autre nom : la “technique ABZ”.
L’idée est d’atteindre la ligne d’arrivée, la dernière sous-tâche de méga-projet, symbolisée par la lettre Z. Et pour y arriver, il faudra avant passer par toutes les lettres de l’alphabet, certes.
Sauf que vous n’envisagerez pas toutes les lettre de l’alphabet. Vous n’envisagerez que la lettre A, et la lettre B. La lettre A est la sous-tâche que vous êtes en train d’effectuer, et B la prochaine. Rien de plus.
Une fois que vous avez fini votre tâche A, vous passez à la tâche B, qui devient votre nouveau A, et vous envisagez la tâche d’après, qui devient votre nouveau B.
Et ainsi, de A en B, qui devient A, en nouveau B, qui redevient A, et ainsi de suite, vous atteindrez la fin de l’alphabet, votre tache finale, la lettre Z, sans même vraiment vous être rendu compte de tout le chemin que vous aurez parcours !
c. La loi de Pareto ou “loi des 80/20”
La loi de Pareto est aussi appelée “la loi des 80/20”. Elle stipule que 20% des causes, souvent synonymes de “efforts fournis”, provoquent 80% des résultats obtenus.
Ce principe général est valable dans énormément de pans de la société : en économie, en sport, en affaires, etc. Par exemple :
- 20% de mes posts Linkedin on généré 80% de mes vues l’année passée
- 20% de mes tâches sur ma to do list apportent 80% de la valeur générée pour ma boîte
- 20% de mes dépenses personnelles représentent 80% de mon budget mensuel (loyer, transport…)
- Ou plus récemment encore : 20% des agriculteurs européens captent 80% des aides de la PAC.
Cette loi est fondamentale en gestion du temps et des priorité.
Maintenant que vous en avez conscience, à vous de trouver les 20% des “causes” qui créent le plus de valeur pour vous, et de vous concentrer dessus, pour un maximum d’efficacité et de valeur créée !
Par exemple, quels sont vos 20% meilleurs clients qui rapportent 80% de votre chiffre d’affaires ? Quel est leur profil type ? Peut-être vaudrait-il le coup de se concentrer sur ce genre de clients ?
Ou encore quels sont vos 20% meilleurs canaux d’acquisition d’où viennent 80% de vos leads/prospects ? Peut-être vaudrait-il le coup de se concentrer et d’investir plus sur ces canaux, quitte à réduire la voilure sur les autres ?
Posez-vous concrètement la question des 20% de vos tâches qui vous apportent 80% de la valeur dans votre quotidien, et essayez de vous concentrer dessus. Car si vous arriviez à ne faire que des tâches aussi bénéfiques, vous seriez 4 fois plus productif !
En effet : 20% x 5 = 100% des tâches ; qui apportent 80% x 5 = 400% des résultats !
Attention : il faut bien garder que ce 80/20 est un ordre de grandeur. Parfois cela peut être 70/30, parfois 90/10. L’idée n’est pas de chipoter sur le chiffre exact, mais de comprendre l’importance de la priorisation grâce aux ordres de grandeur. Concentrez-vous sur les tâches à forte valeur ajoutée !
4. Croissance
a. Devenir un éternel apprenant
Ca y est, vous savez le principal de la gestion “classique” du temps et des priorités :
- Clarté : clarifier ses objectifs
- Organisation : s’organiser pour les atteindre
- Action : et enfin, agir !
Mais il y a un mais !
Car le monde évolue. Les techniques, les méthodes, les outils, les organisations, et même nos sociétés tout entières changent. Et par dessus tout, nos savoirs et nos compétences personnelles aussi.
Une question devient alors centrale : comment progresser ?
Comment faire mieux qu’hier et moins bien que demain ? C’est la question de votre croissance personnelle et de ceux qui vous entourent.
Cette question est essentielle car, par exemple, pour atteindre un même objectif clair, avec une même organisation, et la même action à faire, deux personnes différentes pourraient d’un côté mettre 5 minutes sur Excel quand la seconde en mettrait 2 heures !
Il faut donc grandir, apprendre, et même apprendre à apprendre, comme me l’a dit un jour Maud Bailly, une des personnes les plus marquantes qu’il m’a été donné de rencontrer et CEO de Sofitel à l’heure où j’écris ces lignes. Petit extrait vidéo :
C’est donc ça, le secret des grands leaders aujourd’hui : ce sont des “éternels apprenants”.
Nos seulement ils apprennent au quotidien, ils se nourrissent de tout ce qui les entoure, mais en plus ils aiment apprendre. Ils ont à la fois une curiosité immense, mais aussi la persévérance nécessaire à tout apprentissage, ainsi que l’humilité de se remettre en question. Ces trois qualités, ou compétences comportementales - aka soft skills - sont essentielles à votre croissance.
b. Les 3 voies pour apprendre
Il y a 3 manières différentes d’apprendre quelque chose et grandir. Elles vont être plus ou moins longues, plus ou moins efficaces, et parfois plus ou moins dangereuses. Petit tour d’horizon dans l’ordre chronologique d’apparition :)
i. L’expérimentation
La première façon de faire historiquement, c’est l’expérimentation. Elle existe depuis l’aube de l’humanité. Comme me le dit un jour mon ami et partenaire Stéphane Moriou : imaginez un homme préhistorique. Il se balade, rencontre un cactus pour la première fois de sa vie. Il ne sait pas ce qu’est un cactus et tente alors de le saisir, et se pique. À partir de ce moment précis, il a expérimenté et appris que “cactus pique”.
L’expérimentation a l’avantage de très bien nous faire retenir les choses, c’est pour cela qu’elle est tant valorisée, même en entreprise avec le fameux “test and learn”.
A moins de vouloir souffrir, l’homme préhistorique en question ne voudra plus toucher de cactus.
Mais l’expérimentation a deux écueils majeurs :
- Elle peut être longue : si on doit tout tester et tout apprendre par nous-mêmes, on est pas sorti de l’auberge
- Elle peut être dangereuse : allez-vous manger tous les champignons pour savoir lesquels sont comestibles, toxiques ou mortels ? Votre expérimentation risque de tourner court
Peu à peu, pour parer ces écueils, l’être humain a développé une nouvelle manière d’apprendre : la transmission.
ii. La transmission
La transmission s’est développée avec le langage, et a littéralement pris son envol avec les apparitions successives de l’écriture, de l’école, de l’imprimerie, et d’internet.
L’idée est tout simple. Une fois que l’homme préhistorique s’est piqué avec le cactus, il peut aller voir son compère homme préhistorique et lui dire : “cactus pique”.
Fort de cette information, le compère homme préhistorique aura appris que les cactus piquaient sans avoir à les toucher. C’est une véritable révolution pour l’humanité.
Plutôt que de devoir tout tester, et parfois devoir essayer 1000 méthodes qui ne marchent pas, autant consulter un expert du sujet qui y a réfléchi pendant des années avant nous, et qu’il nous donne la meilleure façon de faire.
Ainsi, autant apprendre quels sont les champignons vénéneux pour ne pas les manger ou autant apprendre les bons nœuds marins pour amarrer son bateau plutôt que de “tester” des nœuds qui ne marcheront peut-être pas !
iii. Le Feedback
Et enfin, il y a environ 70 ans, une troisième voie pour apprendre a vu le jour. Le feedback.
Un des plus grands experts du sujet au monde est français, et il s’appelle Stéphane Moriou. J’ai la chance de le considérer comme un ami, et d’avoir fait une formation au feedback en partenariat avec lui, que vous pouvez retrouver ici.
Petit teaser :
Je ne vais pas vous faire ici tout un cours sur le feedback : j’ai déjà rédigé un très bel article dessus ici et on a fait toute une formation sur le sujet - cf vidéo bande annonce ci-dessus.
Ce qu’il faut retenir, c’est que, certes, vous pouvez atteindre un certain niveau avec les deux premières méthodes d’apprentissage, mais vous ne pourrez pas atteindre les sphères de la haute performance sans feedback. C’est pour cela que les sportifs de haut niveau se nourrissent de feedback au quotidien. Prenez un skieur pro : après chaque descente, il demandera un feedback à son entraineur, qui le lui donnera, il l’appliquera, et le gardera ou non. Et ainsi de suite.
Feedback vient de l’anglais et signifie “nourrir (feed) en retour (back)”. A partir de là, le feedback, c'est un cadeau que l'on fait à l'autre suite à une observation directe, avec l’intention de lui apprendre quelque chose pour l'aider à grandir et réaliser son potentiel.
Aujourd’hui, les équipes et les entreprises les plus performantes ont une très forte culture du feedback. Cela leur permet à la fois de savoir ce qu’elles font de bien, pour le conscientiser et le garder, et ce qu’elles peuvent améliorer, pour continuer de progresser. Si cela vous intéresse, n’hésitez pas à prendre contact avec nous, ce sera avec plaisir.
c. Les 4 phases de l’apprentissage
Apprendre est un processus long. Cette phase de croissance, qui doit durer toute votre vie, ne sera pas facile tous les jours. Elle est pourtant essentielle : vous n’êtes pas et ne serez jamais un produit fini. Apprendre est un investissement sur vous-mêmes. Il faut prendre le temps d’aller vite, comme le dit un autre leader que j’ai interviewé pour nos formations, Nicolas Fritz, COO de Contentsquare, une des plus belles licornes de la French Tech.
“Il faut prendre le temps d’aller vite”
Nicolas Fritz, COO de Contentsquare
Donc je reprends : on entend souvent qu’apprendre est un plaisir. Mais la vérité du terrain, c’est que ça commence par faire mal. Et c’est pour ça qu’on arrête, avant même d’avoir goûté au plaisir qui suivra.
Pour bien comprendre, imaginons que vous vouliez apprendre à jouer du piano.
𝗣𝗛𝗔𝗦𝗘 𝟭 : 𝗟'𝗜𝗡𝗖𝗢𝗠𝗣𝗘́𝗧𝗘𝗡𝗖𝗘 𝗜𝗡𝗖𝗢𝗡𝗦𝗖𝗜𝗘𝗡𝗧𝗘
Au début, vous n’y connaissez rien, mais vous ne vous en rendez pas vraiment compte. Vous ne savez pas que vous ne savez pas.
Vous vous voyez déjà faire chavirer les cœurs en jouant le Roi Lion en soirée - dédicace à mon petit frère dont c’est la spéciale. Plein d’enthousiasme, vous prenez vos premiers cours.
𝗣𝗛𝗔𝗦𝗘 𝟮 : 𝗟'𝗜𝗡𝗖𝗢𝗠𝗣𝗘́𝗧𝗘𝗡𝗖𝗘 𝗖𝗢𝗡𝗦𝗖𝗜𝗘𝗡𝗧𝗘
Après 3 mois à apprendre les gammes, lire les partitions, jouer différents accords et désynchroniser vos mains… vous passez au “prélude en Do Majeur” de Bach. Désormais, vous savez que vous ne savez pas. Pas très fun. Et c’est pas demain la veille qu’on chantera l’Histoire de la Vie à vos côtés…
Pour 90% des gens, c’est trop insupportable. L’apprentissage s’arrête là. Mais pour les quelques persévérants qui continuent…
𝗣𝗛𝗔𝗦𝗘 𝟯 : 𝗟𝗔 𝗖𝗢𝗠𝗣𝗘́𝗧𝗘𝗡𝗖𝗘 𝗖𝗢𝗡𝗦𝗖𝗜𝗘𝗡𝗧𝗘
Ca y est, ça fait un ou deux ans que vous répétez vos gammes et vous vous mettez ENFIN au Roi Lion ! Certes, vous êtes très concentré quand vous le jouez. Vous avez besoin des partitions sous les yeux. D’ailleurs, ça sonne un peu “mécanique”, sans trop d’émotion ni variation (sauf quelques fausses notes), mais ça y est, vous “jouez” votre premier morceau plaisir ! 🎵
Vous savez que vous savez. Et le moral revient !
𝗣𝗛𝗔𝗦𝗘 𝟰 : 𝗟𝗔 𝗖𝗢𝗠𝗣𝗘́𝗧𝗘𝗡𝗖𝗘 𝗜𝗡𝗖𝗢𝗡𝗦𝗖𝗜𝗘𝗡𝗧𝗘
Après des années de pratique régulière, plus besoin de partoche ! Crescendo, Decrescendo, Dolcissimo, Fortissimo, Staccato, Stracciatello… Vous ne vous limitez plus au Roi Lion. Tous les Disney y sont passés. Et aussi Mozart, Bach & Beethoven. Vous êtes excellent, sans effort. Comme si c’était naturel, inconscient. Quel pied !
Le plaisir pointe le bout de son nez en phase 3 et explose dans cette phase 4. Votre compétence est désormais inconsciente.
Le problème, c’est qu’on oublie de vous dire qu’il faudra passer par la phase 2, mortelle pour 90% d’entre nous, avant d’atteindre cette phase 4.
Certains essaient même de vous faire croire qu’ils ont un raccourci pour vous emmener directement de la phase 1 à la phase 3.
Ils vous mentent ! Il n’y a pas de raccourci. Il n’y a que du travail.
D’ailleurs, si vous sentez que c’est dur, c’est que vous êtes dans la phase 2. Prenez-le comme un bon signe : ça veut dire que l’apprentissage a commencé ! La clé, c’est de ne pas lâcher. Voire même de mettre les bouchées doubles pour passer le plus vite possible à la phase 3.
5. Harmonie
Ca y est, vous savez optimiser votre temps, gérer vos priorités, et continuer de grandir au quotidien. Est-ce là tout ? Il manque la touche finale, la pierre angulaire sans laquelle rien de tout ceci ne sera possible dans la durée, celle de l’harmonie.
Car souvenez vous bien d’une chose : la vie, c’est comme un ultra-trail : c’est long. Vous aurez des hauts et des bas. Des moments pleins d’énergie, d’autres où vous vous sentirez vidé. Des moments où vous serez promu, de doubler des concurrents, où vous aurez une augmentation, et un super chef, et d’autres où vous aurez l’impression de stagner, de vous faire doubler, de ne pas avancer.
Pour tenir dans la durée, mon père m’a appris une chose qui ne m’a jamais quitté : la vie est une chaise.
a. La vie est une chaise
La vie est une chaise. Elle a 4 pieds :
- La famille
- Les amis
- Le boulot
- Les passions
Quand on a bâti sa vie comme une chaise, le jour où un pied devient branlant, on peut s’appuyer sur les trois autres le temps de le réparer. Et ne pas sombrer.
Malheureusement, certains vivent sur un seul pied, comme des équilibristes.
Tenir en équilibre sur une unique perche, c’est possible… Mais c’est extrêmement risqué. Car le jour où ça va mal dans cette sphère, TOUT son monde s’effondre.
On peut par exemple choisir de tout investir dans son boulot. Mais une carrière, c’est long. Passer 50 ans sans jamais tomber sur un mauvais chef, ça relève du miracle. Et le jour où on tombe sur un boss de merde, ça peut très, très mal finir.
Pareil pour tous les autres pieds. Si on met tous ses œufs dans le même panier… Quand son unique pied casse, c’est la cata.
Alors pensez à votre chaise. Avez-vous bien investi dans ses différents pieds ?
b. Savoir dire non
On est souvent mal à l’aise à l’idée de dire non. Alors on agit souvent d’une des deux manières suivantes :
- soit on dit oui mais on se lance dans une galère de l’espace car on manque de temps ou de compétence pour quelque chose qui n’est peut-être même pas dans nos priorités,
- soit on “zappe” et on fait comme si on n’avait pas vu la demande, ce qui laisse notre interlocuteur sans réponse… et donc sans solution. Et puis on se fait relancer, jusqu’à finalement dire non… et en laissant notre interlocuteur dans la même situation qu’au début, mais avec moins de temps pour s’en sortir.
Dans les deux cas, c’est terrible pour tout le monde.
Afin de préserver votre énergie, votre temps, vos priorités, et de trouver les meilleures solutions pour vos interlocuteurs, il faut que vous appreniez à dire non vite et bien.
Pour dire non vite ET bien, je vous propose de construire votre réponse en 3 étapes, qui ne peuvent être qu’une phrase chacune :
- Message positif : “Merci d’avoir pensé à moi” / “Bravo pour ton beau projet”
- Refus clair sans 12000 justifications : “J’ai malheureusement d’autres priorités actuellement qui prennent tout mon temps et mon énergie. Je ne pourrai pas répondre favorablement à ta demande.”
- Proposer une piste alternative : “Tu peux peut-être contacter X qui pourra t’aider” / “Tu peux me recontacter d’ici 6 semaines quand mon gros projet actuel sera terminé.”
En sachant dire non de manière ferme tout en restant courtois, vous préserverez votre ressource la plus précieuse, votre temps, pour ce qui est le plus important pour vous.
c. Admirez vos tâches accomplies en fin de journée
Ca vous est déjà arrivé de faire une tâche qui n’était pas sur votre to do list, et, alors que vous l’avez achevée, de la rajouter sur votre liste, puis de la barrer ? Je vous rassure, vous n’êtes pas fou. C’est normal ! Moi aussi, ça m’arrive de temps en temps, et qu’est-ce que c’est bon ! En faisant ça, vous vous créer un petit shot de dopamine gratuit, un petit kiff pour votre cerveau. Pourquoi s’en priver ?
De même, en fin de journée, prenez quelques secondes pour faire le bilan. Rouvrez votre to do list, et regardez toutes les tâches que vous avez accomplies dans la journées. Qu’elles soient cochées, barrées, ou autre. Faites vous ce plaisir. Vous verrez que vous n’avez pas “rien fait”. Surtout si vous avez suivi la “technique des petits pas” - aka “technique ABZ” - expliquée dans la partie “3. Action” et que vous avez découpé vos tâches en petites sous-tâches.
Bref, faites vous ce petit bonheur quotidien, c’est bon pour le moral !
Conclusion
Pour conclure, je sais que j’ai mis beaucoup de choses dans ce long article. En même temps, il est issu de ma conférence sur la gestion du temps et des priorités qui dure…. 1h à 1h30… Vous avez donc de quoi faire…
Si vous n’aviez qu’une chose à retenir de cet article, je dirais que c’est l’acronyme COACH.
- Clarté
- Organisation
- Action
- Croissance
- Harmonie
Et posez vous la question : qu’est-ce qui, dans tout ça, aurait le plus de valeur pour vous ?
Une fois que vous l’avez identifié, tentez de le mettre en place quelques jours ou quelques semaines. En mode “changement en CDD”. Vous verrez bien si cela vous correspond ou non.
Si après 2 semaines de tests, cela ne vous correspond pas, arrêtez et testez autre chose.
Si après 2 semaines de tests, cela marche pour vous… perpétuez l’expérience ! Renouvelez le contrat !
Et si jamais vous ne savez pas quoi tester en premier, j’ai une idée pour vous : donnez-vous la chance d’essayer de vivre sans interruption ne serait-ce que 24 heures !
Pour cela, dès maintenant, à la lecture de ces lignes, sortez votre téléphone probablement dans votre poche voire posé sur votre table à côté de vous, et désactivez TOUTES les notifications pendant 24 heures. Autorisez-vous à le faire. Donnez-vous la chance d’essayer. Dans 24 heures, vos notifications reviendront.
Et si aucun drame ne s’est passé… Peut-être retenterez-vous l’expérience à nouveau pendant 24 heures ?
De mon côté, je renouvelle le contrat continuellement depuis mon voyage de noces, en septembre 2022. Une des choses qui m’ont le plus permis de piloter mon quotidien avant qu’il ne me pilote.
Ce sujet vous intéresse ? Prenez rendez-vous avec nous pour en discuter !